« Vous devez gérer la créativité »

Hans Crijns n'est pas partisan de l'intrapreneuriat aveugle

 « Toute entreprise, qu'elle soit excellente ou très médiocre, oscille entre le libre entrepreneuriat et une gestion rigide. Les bonnes trouvent leur équilibre tandis que les mauvaises font chou blanc. »  Hans Crijns, professeur d'Entrepreneurship à la Vlerick Leuven Gent Management School ne connaît pas de formule magique pour l'intraprenariat. Il garde les pieds sur terre : « Même la créativité, vous devez la gérer. » 

Johan De Crom

L'intraprenariat ou l'esprit d'entreprise du personnel signifient-ils que vous fixez vos objectifs à partir des talents présents au sein de votre firme ? Et non, qu'il faut assigner des buts auxquels vos collaborateurs doivent ensuite parvenir ?
Hans Crijns : « Il s'agit d'une position discutable. Auparavant, tout était plus évident ; le bateau avait une destination finale et un cours déterminé à suivre. Depuis la parution de l'ouvrage « Good to Great » de Jim Collins, un autre vent souffle. Il dit ceci : « veiller d'abord à faire monter votre équipage à bord ». Sa logique est aujourd'hui poussée plus loin encore. Certains entrepreneurs regardent d'abord les personnes et ce dont ils disposent en interne et ensuite seulement visent plus ou moins la destination finale. Avec leur personnel, ils n'arrivent peut-être pas directement en Inde mais au Sri Lanka. Et ils pensent : « Bien, nous y sommes presque ».

Comment les grandes entreprises bien établies peuvent-elles mettre en œuvre cet intrapreneuriat ?
Hans Crijns : « Elles peuvent investir dans des « projets bac à sable » dans lesquels les travailleurs peuvent « jouer » librement, c'est-à-dire dans des projets qui ne doivent pas fournir de résultats à court terme. Dans certaines organisations, on ne tient pas non plus particulièrement à une description précise des fonctions. Le rôle des collaborateurs y est défini de façon moins rigide. La première règle de l'intraprenariat est de laisser aux gens l'espace nécessaire à l'expérimentation. »

Comment reconnaître l'esprit d'entreprise parmi mes collaborateurs ?
Hans Crijns : « Les personnes ou entreprises audacieuses se caractérisent par une propension à l'innovation, à la prise de risque et à la pro-activité.  Elles ont un fort penchant pour l'autonomie et l'indépendance et désirent être leur propre patron. Il est hallucinant de constater que les entrepreneurs étouffent dans l'œuf justement les collaborateurs qui protestent contre la ligne à suivre et veulent se faire entendre. »
   
Comment reconnaître les bonnes idées ? Comment les accompagner ensuite ?
Hans Crijns : « La véritable innovation provient toujours du marché.  Vous devez de suite vous méfier de l'un ou l'autre génie qui, au sein de vos murs, accourt avec un super projet. En outre, les meilleures propositions se défendent presque d'elles-mêmes. Laissez donc jouer l'implication. Par ailleurs, vous devez laisser libre cours à votre créativité pour ensuite la resserrer à nouveau.  Vous devez demander à vos collaborateurs aux idées ambitieuses de présenter un plan développé mais dans des délais très stricts. Même la créativité, vous devez la gérer. Pour terminer, soulignons un aspect non négligeable : confrontez votre nouveau projet à l'épreuve du marché. N'investissez aucun moyen dans des affaires qui n'ont aucune chance de survie. »

movieslideshareContactez-moi