L'engagement des collaborateurs est une attitude

Les organisations commencent enfin à reconnaître l'importance de l'engagement. De nombreuses études soulignent les avantages de collaborateurs engagés pour l'organisation. C'est notamment le cas des recherches que nous avons effectuées au sein de notre Centre de connaissance : augmentation de la productivité, baisse de la rotation et de l'absentéisme, meilleures relations avec les clients, plus grande flexibilité, davantage d'innovations et d'optimisations, etc. La plus-value que représentent des collaborateurs engagés est désormais incontestable. Et pourtant, seule la moitié des organisations investissent dans une politique centrée sur l'engagement de leurs collaborateurs. Manifestement, l'autre moitié n'est toujours pas convaincue…

Si vous me permettez de jouer à l'avocat du diable, je donnerais l'argument suivant pour ne pas investir dans l'engagement des collaborateurs : il est impossible de créer de l'engagement chez des collaborateurs ; le véritable engagement doit venir de l'intérieur. Il s'agit d'une motivation intrinsèque que l'on ne peut imposer, intensifier ou faire apparaître comme par magie. Les collaborateurs décident par eux-mêmes d'être engagés… ou non. L'engagement est une manière de se comporter, une attitude.

C'est donc une posture en grande partie induite par la personnalité de l'individu, dont on peut dire qu'elle n'est pas manipulable ou modifiable, du moins de manière durable. Concrètement, cela signifie donc qu'il ne s'agit pas de tenter d'accroître ou de développer l'engagement des collaborateurs, mais – si l'on recherche réellement une population de collaborateurs engagés – de recruter des collaborateurs naturellement engagés. Une tâche pas très compliquée.

Sauf que l'engagement des collaborateurs présente des caractéristiques comparables à celle de l'esprit d'entreprise : il s'agit de créer des activités avec enthousiasme à partir de bonnes idées originales. C'est pourquoi l'engagement doit être observé dans le contexte de l'entreprise. Par rapport à nos pays voisins, nous sommes cependant « moins » entreprenants. L'an dernier, nous avons demandé à des collaborateurs s'ils se voyaient travailler un jour comme indépendant à titre principal. 72 % des participants à l'enquête ont répondu « certainement pas », 24 % hésitaient. Notre étude sur l'engagement révèle que seulement 17 % des membres d'une organisation moyenne sont engagés. Le marché de l'emploi n'est donc pas riche en collaborateurs entreprenants et « naturellement engagés ». Les trouver et les recruter n'est pas une sinécure.

Telle est la situation dans laquelle nous nous trouvons en tant qu'organisation. Pourtant, il y a de la lumière au bout du tunnel. La plupart des gens ne présentent pas un niveau d'engagement égal pendant toute leur vie ; il y a des moments où nous nous sentons plus passionnés, où nous sommes en harmonie avec ce que nous faisons, nous y trouvons du sens et du plaisir et nous voulons nous investir davantage. Mais les circonstances doivent être adéquates. Ce qui laisse une marge de manœuvre aux organisations. Nous pouvons influencer la culture et l'environnement de travail et obtenir ainsi des collaborateurs passionnés tant que nous veillons à les connaître, à savoir ce qui les passionne, à comprendre leurs ambitions. Mais attention : ce n'est pas un investissement unique que nous devons consentir en tant qu'organisation, mais une tâche continue, jamais terminée. Mais augmenter temporairement l'engagement est déjà une bonne chose et dans le meilleur des cas, nous pourrons prolonger ce phénomène. Mais nous préférons bien entendu un changement permanent ; celui par lequel nous touchons les gens dans leur « être », et donnons naissance à une nouvelle attitude.

Les avantages sont énormes. Non seulement pour l'organisation et ses clients, mais aussi pour le collaborateur proprement dit, qui voit sa valeur de marché augmenter, prend davantage de plaisir dans son travail et en comprend mieux le sens. De plus, cette nouvelle attitude constitue également une plus-value pour le marché de l'emploi ; nous avons besoin de personnes entreprenantes, capables de prendre l'initiative et de s'engager, flexibles, polyvalentes, et bien sûr productives et innovantes. Investir de manière systématique dans l'engagement des collaborateurs a donc un effet positif sur la qualité de notre population active. Si nous voulons faire la différence comme économie de la connaissance, il est indispensable de travailler à l'attitude des travailleurs.